Salut à tous, ici Steve Biko, votre humoriste préféré (ou presque, soyons humbles). Aujourd’hui, on plonge dans les coulisses de l’humour.
Pourquoi certaines blagues font hurler de rire, alors que d’autres laissent un silence gênant ? Spoiler : ce n’est pas toujours la faute de l’humoriste (bon, parfois un peu, on va pas se mentir. Mais pas dans mon cas je suis un pro lol).
En fait, l’humour, c’est un jeu de références. Et comme dans tout jeu, certaines règles ne sont pas évidentes pour tout le monde. Vous êtes prêts ? Allons-y !
Cet article m’a été inspiré par un show que j’ai fait récemment. Le show s’est très bien passé. Mais alors que je faisais une de mes meilleures blagues je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer le contraste entre les réactions du public:
L’Humour : Un Jeu de Références Culturelles
Faire rire un public, c’est comme résoudre une énigme. Prenons mon fameux GPS Camerounais :
« Le GPS Camerounais te dit : “Continue tout droit, tout droit, après le grand arbre là, tourne à gauche. Mais tu connais où ça, non ?” »
Pour un public africain, c’est hilarant parce que c’est tellement vrai. Pour un Québécois ? C’est un moment de découverte culturelle (et, espérons-le, un rire un peu décalé).
Mon travail d’humoriste, c’est de naviguer entre ces mondes, d’adapter mes blagues sans trahir mon authenticité. Pour un Québécois, c’est une situation absurde. Pour un Camerounais, c’est la réalité quotidienne, et c’est précisément ce qui la rend drôle. La blague repose sur une référence culturelle que certains captent immédiatement, et d’autres pas du tout.
En tant qu’humoriste, je dois jongler avec ces références.
Des Sujets Polarisants : Le Rire ou le Malaise ?
Et là, on arrive au vrai défi : quand l’humour touche des sujets sensibles, ça peut soit faire rire tout le monde, soit diviser la salle. Prenons un exemple : si je parle des stéréotypes liés à la colonisation ou des privilèges, il y a deux façons de recevoir la blague.
- Ceux qui se sentent opprimés rient, parce qu’ils se reconnaissent et ressentent une certaine revanche.
- Ceux qui pourraient être perçus comme oppresseurs se sentent parfois mal à l’aise, ou carrément offensés.
Le pire, c’est que ni l’un ni l’autre n’a tort. L’humour, c’est un miroir, et parfois, ce qu’il reflète n’est pas confortable.
Mais c’est là que ça devient intéressant : comment faire en sorte que tout le monde reste dans la salle, même quand on touche des thématiques sensibles ? Mon but ? Ne pas fuir ces sujets, mais trouver un angle qui rassemble. Réevaluer, réécrire, et revenir avec la même substance mais peut-être avec un emballage différent.
Être humoriste, c’est un peu comme jouer au funambule. Si je m’adoucissais pour plaire à tout le monde, je trahirais mon essence. Mais si je vais trop loin, je risque de perdre des spectateurs en route.
L’Équilibre de l’Humoriste : Rassembler Sans S’Auto-Censurer
Ce que je fais, c’est d’essayer de :
- Trouver des points communs : Même dans les sujets les plus polarisants, il y a souvent un angle universel. Si je parle de l’héritage africain et je dis : “L’humanité vient d’Afrique, mais regardez comment l’humanité traite sa mère !”, tout le monde peut se reconnaître dans l’idée de ne pas toujours traiter nos origines avec respect.
- Garder une part d’autodérision : Si je peux rire de moi-même, c’est plus facile pour le public de se sentir à l’aise, même sur des sujets lourds.
- Laisser des zones d’interprétation : Les blagues les plus fortes ne sont pas toujours celles qui expliquent tout. Parfois, laisser le public réfléchir, c’est plus puissant.
De mon point de vue, il est essentiel de ne pas s’auto-censurer. C’est un défi qui m’a particulièrement marqué à mes débuts, et encore récemment lors de mes apparitions à la télé pour la saison 1 de Quel Talent. Dans ce cadre, mes textes devaient être relus, validés, et certaines blagues ont été coupées au montage souvent au détriment de l’énergie comique de mes numéros (J’ai pas aimé surtout qui décide si un truc est correct ou pas si ce n’est le public?).
C’est pour cette raison que mon cœur ira toujours vers le spectacle vivant. Quand je m’exprime librement, je suis épanoui, le public qui vient sait que c’est de l’humour et ma jauge ce sont ses réactions: rires, silences, ou même bide.
Monter sur scène, ce n’est pas seulement faire rire : c’est aussi porter son message avec authenticité. Il ne s’agit pas de heurter volontairement, mais plutôt de trouver cette fine ligne, cet équilibre subtil, qui permet d’aborder même les sujets les plus lourds avec légèreté et humour.
Ce N’est Pas Toujours la Blague, Parfois C’est…
L’humour, c’est un dialogue. Et comme dans tout bon dialogue, il faut être deux. Ce n’est pas parce que vous ne riez pas qu’une blague est mauvaise. Parfois, c’est juste une question de contexte, de vécu ou de timing.
Donc, si une blague ne vous fait pas rire, demandez-vous : est-ce que je ne la comprends pas, ou est-ce qu’elle ne me parle tout simplement pas ? Et surtout, ne quittez pas la salle ! Parce que la prochaine, elle pourrait vous faire exploser de rire.
Et moi, je vais continuer à jouer à ce jeu. Parce qu’en fin de compte, l’humour, c’est un voyage. Et je veux qu’on voyage ensemble, même si on ne rit pas toujours aux mêmes arrêts.
Mon spectacle BIKO! est une expérience où chacun peut trouver quelque chose qui le fait rire, réfléchir ou les deux. Alors, venez me voir sur scène et rions ensemble de l’absurdité de ce beau monde dans lequel nous vivons.
À bientôt sur scène ou en ligne,
C’est Steve Biko
L’humoriste.